• Quelle robe vais-je mettre ?

    « Quelle robe vais-je mettre ? » Cette question me taraudait l’esprit depuis bien une vingtaine de minutes. Debout, devant mon armoire, le doigt sur le bord des lèvres, je réfléchissais à ma tenue … « Une vrai fille » pensai-je aussi. Et je me surpris à rire de moi-même et de cette préoccupation bien féminine qu’était le choix de LA robe. Ce soir, je devais être parfaite. Je devais être la plus belle. Pourquoi ? Parce que ce soir il serait là. C’est vrai qu’il ne s’était jamais entièrement effacé de mon esprit –comme un beau roman perdu parmi les milliers d’ouvrages d’une immense bibliothèque -, son souvenir ombragé planait encore. Ce soir, il serait là, non pas comme une jolie et triste pensée, mais comme l’homme fait de chair et de sang que j’avais aimé, comme un souvenir qui se concrétise à nouveau. La blessure se rouvrait. Je n’avais aucune idée alors de comment j’allais réagir en le voyant. Mais je savais que s’il n’avait pas quitté mon esprit, il n’avait pas non plus quitté mon cœur.

    « La noire » ?  Non, trop sombre, et je risquais de me perdre dans la masse. Il fallait qu’il puisse me remarquer au premier coup d’œil. « La rouge alors » ? Non plus … Il l’avait déjà vue et je devais aussi jouer sur l’effet de surprise. Puis, une robe de soie bleu électrique accrocha mon regard. « Celle-là est parfaite ! ». La soie collait harmonieusement aux formes de mon corps. Un gros nœud tombait élégamment de mon épaule, l’autre étant nue. Je regardai l’heure sur mon radio réveil : il était temps que je me presse un peu … Je me maquillai avec soin, assortissant à mes yeux marines une légère ligne de crayon noir et prolongeant mes cils d’un léger coup de mascara. La touche finale était portée sur mes lèvres que je peignais d’un rouge écarlate. J’enfilai ensuite mes talons,  me regardai dans le miroir et, sur un sourire de satisfaction, me dis « les mecs, tous des cons … »

    Des amis devaient venir me chercher à l’arrêt de métro qui se trouvait non loin de chez moi. Mon manteau sur les épaules, j’appelai l’ascenseur qui arriva dans un bruit de vieux char de guerre. Lorsque j’arrivai au lieu de rendez-vous, mes amis m’attendaient déjà. Je montai dans la voiture, faisant bien attention de ne pas froisser ma robe. Il s’agissait que je sois impeccable. Je saluais les deux garçons qui étaient venus me cherche.

    -          Salut vous deux ! Au fait, Alexis, merci d’être venu me chercher ! C’est sympa !

    -          C’était sur mon chemin de toute façon, et puis c’est toujours un plaisir de te revoir, surtout dans ce genre de tenue … 

    Il me fit un clin d’œil. Je lui répondis par un sourire.

    -          Attends, je n’ai pas vu ! Montre Mel’ ! s’écria Grégoire.

    -          Tu verras sur place ! dis-je.

    J’étais seule à l’arrière de la voiture et les deux garçons s’étaient lancés dans un de ces débats masculins de mécanique. Résultat, je ne pouvais pas vraiment dire grand-chose puisque je n’y connaissais rien … Mais ça ne me dérangeait pas, je n’avais pas particulièrement envie de parler pour le moment. Non. La tête appuyée contre la vitre, je regardai défiler les lumières et les ombres de la ville. Mes pensées vagabondaient entre ce clair-obscur urbain, dans lequel, lui et moi nous nous étions aimés un soir. Et « ce » soir, que se passerait-il ? Je n’en savais rien. Il était indubitablement vrai que mon cœur ne l’avait pas oublié, mais était-ce encore de l’amour ? La réponse ne me viendrait qu’en le voyant. Allait-il venir me saluer ? Ou allait-il jouer l’indifférent et m’ignorer impunément ?  Moi-même, je ne savais comment agir : fallait-il à mon tour que je vienne le saluer par moi-même ? Que je fasse comme si après tout ce temps de séparation, mon cœur l’avait bel et bien effacé ? Ce qui était certain, c’était que l’issue de cette soirée était incertaine.

    -          Gare-toi là, dit Grégoire en indiquant une place libre devant la salle réservée pour ladite soirée.

    Alexis s’exécuta.

    -          Pour l’heure de départ, je ne sais pas encore, annonça ce dernier, tout en terminant un créneau parfaitement exécuté. Je viendrai vous chercher.

    Puis nous sortîmes de la voiture pour nous diriger vers l’entrée.

    -          C’est vrai que cette robe te va merveilleusement bien Mel’ ! s’exclama soudainement Grégoire, qui se trouvait derrière moi.

    -          Merci, Greg’ !  Mais pour me complimenter ainsi, tu n’as pas besoin de fixer mes fesses ! répondis-je en riant.

    -          Excuse-moi, mon regard a dérapé …

    Arrivés au vestiaire, on nous prit gentiment nos vestes. La soirée commençait par un dîner. Nos places nous étaient assignées et je me retrouvais à la table d’Alexis et de … lui. D’ailleurs, il n’était pas encore arrivé. Alexis, Greg’ et moi rejoignîmes ceux déjà présents dans la salle de banquet. On nous proposa un verre de champagne que nous eûmes du mal refuser. J’avais une terriblement envie de m’amuser ce soir, et qu’importent l’autre et les incertitudes.  Alexis vit passer le photographe et me prit fermement le bras pour m’emmener faire un cliché avec lui. Le photographe nous demanda de nous rapprocher  et je sentis la main d’Alexis glisser plus bas dans mon dos, renforçant son étreinte. C’était un geste doux qui se termina par une pression possessive. Surprise, mon regard se tourna vers Alexis, qui me sourit. C’est à ce moment que le flash imprima l’instant de cette main dans mon dos, de ce sourire qui se reflétait dans mes yeux. Nous entendîmes le « parfait » du photographe et nous le remerciâmes.

    Alexis, je le connaissais depuis un certain temps maintenant. C’était un jeune homme blond, au regard azur ; un bon ami que j’aimais revoir et dont la discussion était toujours intéressante, si elle ne me faisait pas rire. Surtout, qu’il n’était pas bête du tout, et son esprit était assez vif. 

    Tout en reprenant un verre de champagne aimablement proposé, mon regard glissa vers l’entrée et il était là. Je sentis une bouffée de chaleur affreusement dérangeante remonter jusqu’à mon visage. Je détournai rapidement les yeux et retournai auprès de mes amis. Un malin génie étouffa mon cœur. Plus cruellement que je ne l’aurai imaginé. « Les mecs, tous des cons … ». Alors que je parlais à Hélène - une de mes amies proches - de sa dernière conquête – son actuel petit copain -, celle-ci me fit de gros yeux et chuchota « derrière-toi » de manière à peine audible. « Derrière-moi » ? Je me retournai et en face de moi, lui.

    -          Bonsoir Mélanie ! me dit-il en souriant, en effleurant mon bras.

    « Fais comme si de rien n’était Mel’, comporte-toi normalement »

    -          Bonsoir Brieuc ! Tu vas bien ?

    -          Oui, merci ! et toi ?

    -          Très bien.

    -          On se revoit à table ok ?

    Puis il partit. « Mais quelle discussion de merde ! »  Pensai-je.

    Je bus encore quelques verres de champagne (à croire que les serveurs étaient payés à la bouteille vidée). Par conséquent, lorsque le dîner fut annoncé, la tête me tournait déjà légèrement. Mes voisins de table  furent Alexis et un inconnu qui se révéla être très sympathique. Brieuc se trouvait un peu plus loin sur ma gauche, entre Cécile et une autre fille que je ne connaissais pas. Cécile … en un mot une garce, et bien plus une fan inconditionnée de Brieuc, si bien qu’en ce moment-même, elle lui faisait les yeux doux et riait tel un canard qu’on étouffe. Insupportable Cécile qui, à chaque fois qu’elle me voyait, s’enveloppait du costume de l’amie. Il ne lui allait pas. Chaque parole, chaque geste d’amitié qu’elle faisait à mon égard dissonait et faisait honte à l’art théâtral, tellement que son jeu d’acteur était mauvais.

    Tout en discutant avec Alexis, mon regard glissa inconsciemment vers lui. Il ne me regardait pas. Il riait avec une de ses voisines, et ne sembla pas s’apercevoir que mes yeux s’étaient fixés sur lui. Alexis me resservit un verre de vin rouge (c’était du bon). Pour oublier encore un peu plus les soucis qui me torturaient l’esprit, je bus goulument ce qu’il m’avait servi.

    -          Tu ne bois pas ? demandai-je à Alex.

    -          Tu oublies que je suis BOB, Mel.

    -          Tu tiens ton rôle parfaitement alors. Ce qui est bien avec toi, c’est qu’on peut compter sur toi. T’es comme une valeur sûre. Pas comme d’autres … Mon verre est vide …

    -          Si je t’en serre encore un, ce sera ton quantième ?

    -          Je n’ai pas compté. Je ne suis pas BOB.

    -          T’es incorrigible, Mel’.

    -          Je sais.

    -          Tu me fais rire, petite Mel’.

    -          Je sais aussi.

    Et il me remplit à nouveau mon verre.

    Le plat principal terminé, on nous apporta le dessert : une mousse aux trois chocolats joliment décorée de copeaux de cacao et de fleurs d’orangé. Lorsque je portai la première cuillère à ma bouche, un frisson parcourut mon dos. Mais ce n’était ni la fraîcheur du dessert, ni son goût exquis qui me fit frissonner ainsi, plutôt un regard qui ne m’avait plus effleurée depuis longtemps. Je relevai la tête : il  me regardait.  Ce fut bref, et je compris dans l’instant qu’il ne voulait plus de moi. Je bus une grosse gorgée de vin. L’alcool remonta jusqu’à mon cerveau déjà embrumé et les larmes s’apprêtaient à faire naufrage sur mes joues échauffées. Tout en essayant de paraître la plus normale possible, je m’excusai auprès de mes voisins et quittai la table. Lorsque je sortis enfin de la salle et que j’arrivai dans un coin isolé, mes yeux fondirent en larme, tachant ma robe d’alcool et de déception. J’avais trop bu, j’avais inconsciemment trop espéré. Il ne fallait plus l’aimer. Cécile pouvait l’avoir. Quelle le dévore cette garce !

    Soudainement, je sentis un bras glisser sur mes épaules. C’était Hélène qui, m’ayant vu quitter subitement la table, avait voulu s’assurer que j’allais bien … et de fait, j’allais mal.

    -          Mel’ chérie !

    « Pas elle, s’il-vous-plaît … »

    Cécile nous avait rejointes, et je sentais la colère m’envahir. « Qu’elle dégage, celle-là ! »

    -          C’est à cause de Brieuc que tu pleures ? Mais oublie-le ! C’est un con.

    «  Garce ! Je sais que t’aimerais bien l’avoir pour toi. Mais si tu savais ce qu’il avait dit à ton propos »

    -          Oublier n’est pas si simple, Cécile, lui répondis-je. Je pensais avoir dépassé cette histoire. Mais il faut croire que je n’avais pas encore franchi le dernier cap. Il ne m’aime plus.

    -          Mais, tu sais, avant il m’avait avouée qu’il t’aimait vraiment … maintenant plus. Faut si faire, ma chérie. Et puis, c’est un énorme dragueur. Tu sais qu’il n’arrêtait pas de me draguer quand il était encore avec toi ? Je t’assure. Oublie-le, ça vaut mieux.

    « Ce qui est sûre, ma chérie, c’est que tu fais mieux la salope que l’amie ».

    Hélène comprit instantanément que Cécile était la dernière personne que je voulais voir. Par une excuse quelconque, elle me prit sous son aile et m’éloigna des griffes et des sourdes injures de Cécile.

    -          Merci Hélène, soufflai-je entre deux sanglots.

    -          C’est vraiment une garce cette Cécile !

    -          Je pensais exactement la même chose …

    Hélène m’avait emmenée dans les toilettes. Je bus quelques gorgées d’eau au robinet pour rafraîchir mon corps las de pleurer et en feu.

    -          Ça va mieux Mel’ ?

    -          Oui, oui, ne t’inquiète pas … Mercie encore.

    Lorsque nous sortîmes enfin des toilettes, tous les invités avaient quitté les tables. Certains dansaient déjà sur la piste, d’autres allaient se chercher un verre. Alexis se trouvait non loin de moi. Lorsqu’il remarqua mes yeux rouges d’avoir pleuré, il accourut vers moi :

    -          Ça va Mel’ ? Qu’est-ce qu’il se passe ?

    -          Allons boire un  verre, d’accord ?

    -          Ok …  Comme tu veux, Mel’…

    Hélène  nous accompagna au bar. Nous commandâmes trois coupes de champagne. Dans un coin, flanqué de Cécile, Brieuc me regardait. Je soutenais son regard. Mais Cécile intercepta l’échange silencieux et supplia Brieuc de venir danser avec elle : « J’adore cette musique ! » disait-elle. « Ringard », pensai-je.

    Ma coupe vide, Hélène me tira sur la piste de danse :

    -          Allez Mel’ ! Montre-nous ton déhancher !

    -          Je vais t’en faire voir de toutes les couleurs, ma belle !

    L’alcool s’était infiltré dans mon esprit, imbibant mon cerveau … En un mot et sans euphémisme : j’étais bourrée. Les néons et les flashs embrouillaient ma vue, la musique entraînait mon corps dans une ronde infernale et les autres invités me paraissaient lointains, comme de simples ombres qui venaient parfois bousculer mes mouvements ou caresser ma robe. J’avais chaud, atrocement chaud. Mais je continuais de danser. A l’autre bout de la piste, Alexis me fit signe d’approcher. Je marchai vers lui, ridiculement en rythme, une main sur la hanche.

    -          Je vois que tu t’amuses bien, dis donc !

    -          Comme une petite folle !

    -          Tu danserais un rock avec moi ?

    -          Maintenant ? Mais cette musique n’est pas faite pour ce genre de danse … 

    A cet instant, les baffles passèrent au morceau suivant …

    -          On dirait bien que si !

    Il me prit la main. Je ne résistais pas et je me laissais entraîner au milieu des autres couples déjà formés.

    Alexis me fit danser comme je ne l’avais plus fait depuis que Brieuc m’avait froidement lâchée. Je sentais mon corps s’exalter sur le rythme de la musique, ma robe suivait les courbes cadencées. La main d’Alexis était ferme. Je percevais la force de son étreinte qui, d’un coup soudain, me faisait voltiger. La tête me tournait d’avantage. Je n’en pouvais plus. Je lui lançai un regard qui en disait long sur mon état actuel. Il comprit et m’emmena dehors, que je salisse quelques centimètres carrés de parking de ce trop-plein de sensations alcoolisées. Il disparut quelques instants, me laissant seule face à ma débauche mi verdâtre mi brunâtre, et revint avec une serviette et une jolie bouteille d’eau. J’acceptai les deux volontiers !

    -          Bon Mel’, qu’est-ce qu’il s’est passé ?

    -          J’étais amoureuse, je me suis fait jetée par téléphone, il n’a jamais été amoureux de moi, Cécile est une pétasse. Voilà le résumé de l’histoire.

    -          T’oublis que tu as sacrément bu aussi …

    -          Justement, l’alcool s’est fait pour oublier.

    -         

    -          Quoi ?!

    -          C’est qui ce il ?

    -          Je sais plus.

    -          Tu ne veux pas me le dire ? Tu es en droit, tu sa…

    -          C’est Brieuc.

    -          Ah, lui … Je pensais que c’était un chic type …

    -          Moi aussi. C’est de l’arnaque ce mec.

    -          Je ne savais pas que tu étais sortie avec lui …

    -          On se tournait autour depuis longtemps. Puis on est sorti ensemble. Je suis tombée amoureuse. Mais « Monsieur » ne savait plus trop où il en était, période difficile, beaucoup de boulot, … Gnagnagna. Largage de la pauvre fille et pouf ! elle est tombée dans l’eau … ou plutôt dans l’alcool.

    -          Tu vas surmonter ça, Mel’ !

    -          Je reprendrai bien verre …

    -          T’en as pas eu assez ?

    -          Je pendrai bien un verre chez moi, au calme. Tu vois, un bon verre de vin devant un bon film … Ça serait tellement mieux qu’être ici. De toute façon, regarde, il y a déjà des gens qui s’en vont.

    En effet, plusieurs voitures s’étaient déjà enfoncées dans la nuit, et la soirée s’enfonçait vers sa fin, s’enlisant dans l’aube proche.

    -          Tu veux que je te ramène chez toi maintenant, c’est ça ?

    -          Tu serais un ange …

    -          Alors je le ferai. Je vais prévenir Greg’ qu’on est sur le départ.

    Je le regardai s’éloigner. Il était vraiment une personne attentionnée et attachante. Peut-être un peu trop attentionnée ?

    Il revint quelques minutes plus tard :

    -          Greg’ retournera plus tard, je pense … Il était avec une fille, il m’a fait un clin d’œil. Je l’ai laissé tranquille …

    -          Haha ! Ce Greg’, quel tombeur !

    -          Tu veux qu’on y aille maintenant, Mel ?

    -          Oui, si tu veux bien …

    -          Sans problème. Viens, on va chercher tes affaires au vestiaire.

    Je récupérai mon manteau et mon sac à main. Il me conduisit à sa voiture et m’ouvrit la portière en gentleman. Je lui souriais. Pendant toute la durée du trajet, pas un mot ne fut échangé. Je sentais que mon corps s’engourdissait et ma tête continuait son manège infernal. Plusieurs fois, je surpris Alexis qui m’observait du coin de l’œil, et lorsqu’il le remarquait, il me souriait. Je ne comprenais pas.

    Les lumières de ma ville arrivaient encore à se refléter dans mon regard vitreux. Je me disais que « j’étais encore entière, ou juste quelque peu fissurée, mais rien de bien grave. Tout ça était réparable ».

    La voiture se gara doucement devant l’immeuble de mon appartement. Encore une fois, Alexis vint m’ouvrir la portière.

    -          Bon … Merci beaucoup Alex de m’avoir endurée ce soir, et de m’avoir ramenée …

    -          Rien de plus normal Mel’ ! Je pourrais presque dire  que c’était avec plaisir !

    -          Je ne te crois pas … Enfin, je vais aller me coucher. Merci encore, bon retour et prudence sur la route !

    Je commençai à m’éloigner de lui, me dirigeant vers l’immeuble.

    -          Attends !

    Je me retournai.

    -          Oui ?

    -          Tu aurais un peu d’eau pour moi dans ton appartement s’il te plaît ?

    C’est ainsi qu’Alexis monta avec moi dans l’ascenseur. Pas un mot, juste du bruit métallique. Peut-être un peu de gêne aussi … Mais je n’en étais pas parfaitement consciente. Nous rentrâmes dans mon duplex et je m’excusai pour le peu d’ordre que j’avais. Rouge de honte, j’allais dans la cuisine lui chercher un verre d’eau, tandis qu’Alexis se dirigeait vers le salon. Je revins. Il me remercia pour  le verre, qu’il déposa sur la table basse après l’avoir bu d’une traite.

    (Silence). (re-silence). Alexis m’embrassa. Je fus totalement surprise. Intérieurement, car mon corps ne le fut pas. Il ne réagissait pas. Je restai stoïque. Complètement inerte, ne sachant que faire. Je sentis que son baiser devenait de plus en plus pressant … et j’y répondis. Ses mains m’agrippèrent la taille. Il me ramena contre lui. J’en eu presque le souffle coupé. Sa langue caressait la mienne. Nos lèvres ne se décollaient plus. Je me sentis entraînée quelque part, au loin, dans ce que l’on appelle la passion.  Ce fut rapide. Je ne comprenais rien. Soudain, ses bras me soulevèrent et il me porta jusque dans ma chambre. Il ne me déposa pas sur le lit. Il me remit debout et s’éloigna de quelques pas. Il me regarda. (question à demi-mot).  Je ne savais pas quoi faire, mais je savais que je voulais qu’il revienne vers moi. Et il le fit. Sa bouche étreignit de nouveau la mienne et sa main remonta jusqu’à ma poitrine brulante.  Il me libéra de ma robe. Là, il s’arrêta. Je commençai alors à défaire un à un les boutons de sa chemise. Sa peau était brûlante aussi. Je me sentis rougir tout le long de cette opération, défaisant bouton par bouton, ses yeux me dévorant le corps. Il m’embrassa à nouveau, plus violement, me forçant à m’étendre sur mon lit. En quelques gestes, je me retrouvai nue sous le corps excité d’Alexis. Il enleva son pantalon. Ses mains parcouraient mon corps, l’explorant d’abord en surface. Je frissonnais. Puis ses doigts vinrent me chercher intimement. Je poussai un petit gémissement qu’il étouffa en m’embrassant. Moi-même à présent, je le cherchai, je le voulais de tout mon corps. Il descendit, déposant ses lèvres sur mes seins qui se redressèrent de plaisir, il m’ouvrit les cuisses, doucement … J’avais la tête qui tournait, mais plus à cause de l’alcool.

    Il allait et venait, sa sueur se mélangeant à la mienne, son souffle se précipitant avec le mien. Le plaisir s’accentuait, toujours plus intense. Je le sentais venir au rythme de nos corps. Je redécouvrais l’amour. Je redécouvrais la jouissance. Dernier aller-retour. Nos yeux se croisèrent et nous jouîmes ensemble.

    Alexis se laissa tomber sur le côté, tout en gardant sa tête posé entre mes seins. Sa respiration caressait ma peau, sa main redessinait nos instants.

    -          C’est peut-être un peu tard pour te le dire, Mel … Mais … J’ai toujours été amoureux de toi.

    -          Non, ce n’est pas trop tard, Alex. Par contre …

    -          Ne dis rien ! Ne dis surtout rien.

    (Silence).

    Alexis s’endormit.

    Je souriais.

    Je regardai ma robe, jetée dans un coin de la chambre. Puis mon armoire. Et me demandais : « Que vais-je mettre demain ? » 

     

     

    Une vraie fille.


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